Dix jours après le début des violences urbaines, 647 policiers ont été pris pour cible.
Parmi eux, plusieurs l'ont été en dehors de leur service.
Certains étaient même accompagnés de leurs enfants.

Dix jours après la mort de Nahel, tué par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre (Hauts-de-Seine), porter un uniforme peut vous faire devenir une cible privilégiée. Une policière de 29 ans en a fait les frais dimanche dernier alors qu'elle rentrait chez elle. Engagée sur une voie rapide, sa voiture est rapidement poursuivie par deux hommes. Après plusieurs minutes, le véhicule lui barre le passage à un feu rouge. "Il me dit : 'je sais que tu es de la police. J'ai ta plaque d'immatriculation, je vais te retrouver'", raconte-t-elle dans la vidéo du JT de 20H en tête de cet article. 

Je suis barricadée chez moi. Je suis sous traitement. C'est la peur, quoi.
Une policière pris en chasse par deux hommes

Une course-poursuite s'engage, alors que ses deux enfants de six et huit ans sont à l'arrière du véhicule. "Je fonce jusqu'à un point sécurisé. Mon cœur bat à mille à l'heure. Je me dis : 'j'ai les enfants dans la voiture, s'il essaye de me percuter, on a un accident. Est-ce qu'il va descendre de la voiture pour en venir aux mains ?'", poursuit la jeune femme, encore sous le choc. Les deux suspects sont finalement interpellés, quelques heures plus tard. La policière porte plainte, mais celle-ci est classée sans suite. Les individus sont relâchés, laissant la mère de famille encore plus désemparée. "Mes enfants sont toujours en lieux sécurisés. Voilà, je suis barricadée chez moi. Je suis sous traitement. C'est la peur, quoi. En fait, j'ai l'impression que ma parole ne vaut rien", déplore-t-elle.

Depuis le début des violences urbaines, près de 700 policiers ont été blessés, plusieurs en dehors de leur service. Pour protéger les agents, certains syndicats demandent d'anonymiser les policiers qui remplissent les procès-verbaux, ou encore de mettre les cartes grises des véhicules des fonctionnaires à l'adresse de l'administration. Perrine Sallé, membre de l'association "Femme des Forces de l'Ordre en Colère", n'a jamais reçu autant de sollicitations. "Certaines des familles qui font partie de notre association nous demandent des solutions pour essayer de se déplacer, pour essayer de trouver un nouveau logement, pour essayer de se mettre un peu plus en sécurité", explique-t-elle.

Les précautions sont même devenues quotidiennes. "On ne prend jamais la même route. Quand on étend le linge dehors, toutes les tenues 'police' sont déscratchées pour éviter qu'il y ait un écusson qui soit un peu visible de l'extérieur. Et puis, évidemment, pour les enfants, on évite de leur parler de la fonction de papa ou maman", précise Perrine Sallé. 

Ces dernières semaines, les adresses de certains policiers ont même fuité sur les réseaux sociaux. Pour rappel, la divulgation de données d'une personne dépositaire de l'autorité publique est punie jusqu'à cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende. 


V. F Reportage TF1 : Léa Merlier, Florence de Juvigny et Fabrice Amzel

Tout
TF1 Info